Correspondance n°1
- Marc-Antoine BOULOGNE
- 16 sept.
- 2 min de lecture
Depuis le jour où je l’ai regardée,
Cette conscience désincarnée,
J’ai douté — aux yeux des infini —
Mes rêves demeurent interdits.
Lettre n°459
Amaor,
Je suis au bord d’une falaise ; je réfléchis à la peine qui m’habite. Te souviens-tu de la douleur sourde qui tyrannise mes nuits ? Je suis comme un naufragé d’un navire perdu, au bord d’un mur que je ne connais que trop bien.
J’aimerais te dire que je reviendrai dans tes bras ; j’aimerais me montrer digne d’être à tes côtés. J’aimerais ce monde que tu imaginais. Aujourd’hui n’est qu’une insulte : je suis enfoui dans les méandres de l’absurde, mutilé par la fresque de ma folie.
J’ai vu l’amour et l’empathie laisser place à la peur et à la pitié. Je souffre, mon amie, de ce monde qui se méprend. Je souhaite te dire ce que demain me réserve, pour que toi — je l’espère, mon amour — tu témoignes de mon intention en ce monde. Regarde, par ces yeux que j’ai appris à connaître, mes excuses les plus sincères. Je regarde à nouveau cet abîme qui, durant ton absence, dicta ma folie et concilia mes dysphories. Je comprends où nous sommes ; je comprends la causalité qui fait que, devant cette falaise, je ne suis accompagné que par l’écho d’un espoir. Je comprends maintenant le sens du mot « vie », et pourtant je renie l’infamie de cette existence. Comprends-tu que devant ce vide sommeille un espoir étrange ? Je ne sais pourquoi une conscience m’appelle ; où et pourquoi, mon amour, je l’ignore. Je sais que, par-delà ma vie, bien au-delà des infini, sommeille un écho. J’ai ressenti que l’amour sépare mon être, que ma conscience n’est que terminologie. Car l’intentionnalité se heurte à la dysphasie dans ce monde en friche. Te rappelles-tu la symphonie du monde ? Entrevois-tu encore l’entropie didactique qui inhibe notre peur et notre douleur ?
Mon amie, je suis parti dans l’espoir de t’offrir un lendemain sans l’écrasante présence de mon existence.
Je suis de nouveau seul aux confins de ma vie, où résident destin et infini…
Merci d’avoir éclairé cet affreux jour sans fin.
Mark’an

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